Automne 2025 : deux textes, un même constat : taxer plutôt que réformer

L’automne 2025 s’annonce chargé sur le plan législatif avec l’examen de deux textes majeurs : le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 et le projet de loi de finances (PLF) pour 2026. Deux textes, deux visages d’une même orientation : celle d’un État qui choisit une fois encore la voie la plus simple — taxer, taxer, et encore taxer — plutôt que d’engager les réformes structurelles dont notre pays a urgemment besoin.

C’est une course effrénée vers la recherche de nouvelles recettes.

Mais avons-nous un problème de recettes ? Vu le niveau astronomique des prélèvements obligatoires en France, je ne le pense pas. Nous avons plutôt un problème de dépenses.

Alors comment continuer à financer un modèle social, dont les besoins sont toujours plus grands et qui est, ayons l’honnêteté de le reconnaître, particulièrement généreux ?

Si nous poursuivons notre folle course sur cette voie, le moment viendra où les sacrifices seront inéluctables. Ils pourraient être douloureux.

Au risque de choquer, je me souviens avoir lu l’interview récente d’un chef d’Etat étranger. L’une de ses déclarations m’a marquée, il disait qu’il y avait deux catégories de personnes : « Il y a ceux qui profitent du fruit de leur travail, et ceux qui profitent du travail des autres. »

Je suis de ceux qui pensent qu’il faut cesser de pressurer toujours les mêmes acteurs économiques. Il faut cesser de stigmatiser celles et ceux qui travaillent et qui réussissent.

Tout le monde devrait/devra faire des efforts. Encore faut-il avoir le courage de prendre des décisions justes et équitables, mais qui déplairont nécessairement aux électeurs. C’est une prise de risque qui devient indispensable. Notre modèle social le mérite.

Plus globalement, le PLFSS, moment fort de notre démocratie toujours très attendu et très observé par les professionnels de santé puisqu’il pose chaque année de nombreux jalons pour notre avenir, doit être totalement repensé.

Aujourd’hui nous sommes face à un PLFSS sans souffle, sans vision, sans ambition. Il ne comporte aucune mesure structurante. Les professionnels de santé n’y trouveront ni reconnaissance ni perspectives.

C’est un texte de transition en attendant les prochaines échéances électorales.

En revanche, nous y retrouverons le cocktail auquel nos parlementaires nous ont habitué ces dernières années dès qu’il s’agit d’agir sur les professionnels de santé, des mesures coercitives, punitives et liberticides.

La confiance entre l’État et le monde de la santé, déjà fragilisée, continue de se déliter. Pendant ce temps, l’accès aux soins se détériore, les inégalités s’accroissent, l’état de santé de la population se dégrade et la perte de confiance dans le système s’accélère.

Pourtant il existe d’autres voies que celle de la taxation. Certes moins immédiates et moins démagogiques. La voie de l’investissement dans un projet à moyen/long terme, un projet plus structurel.

Alors changez de cap !

Orientez davantage vos travaux sur la prévention, la pertinence des soins, et l’innovation. Ils sont l’avenir de notre système de santé. Plutôt que d’empiler les taxes et les textes, il faut redonner du sens à l’action publique, replacer la santé au cœur du pacte social et faire confiance à ceux qui la font vivre au quotidien.

Bruno BASSET
Président