Le transport bariatrique ne doit-il pas devenir une priorité de santé publique ?

Aujourd’hui, près d’un français sur deux est en situation de surpoids ou d’obésité. Les études démontrent que la prévalence de l’excès de poids (incluant le surpoids et l’obésité) était de 47,3 %. Si ce chiffre semble stable, le constat est plus mitigé si l’on distingue le surpoids de l’obésité.

En effet, depuis 1997, la prévalence du surpoids fluctue toujours autour de 30 % alors que la prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter à un rythme rapide. Elle est ainsi passée de 8,5 % en 1997 à 17 % en 2020, soit 8,5 millions de nos concitoyens.

Une hausse notable de l’obésité est particulièrement marquée chez les Français les plus jeunes. Elle est par ailleurs deux fois plus répandue au sein des catégories les plus modestes, l’obésité est ainsi au carrefour des inégalités sociales et des inégalités de santé.

En matière de transport sanitaire, ces patients nécessitent une prise en soins adaptée (équipements spécifiques et équipage renforcé) plus onéreuse pour nos entreprises. Mais la prise en charge du transport bariatrique par l’assurance maladie se fonde sur les tarifs applicables aux trajets en ambulance classique, ne tenant pas compte de ces surcoûts, engendrant ainsi un reste à charge significatif pour les patients voire un renoncement aux soins.

L’obésité étant tendanciellement plus importante dans les milieux socio-économiques défavorisés, ces frais supplémentaires entraînent une forme d'exclusion des personnes les plus vulnérables et précaires, davantage affectées par l'obésité. Cette exclusion potentielle du système de santé est de nature à aggraver la situation médicale de ces individus, conduisant à des prises en charge plus tardives, plus poussées, donc plus coûteuses.

Les parlementaires sont de plus en plus nombreux à s’emparer du transport bariatrique (questions parlementaires, amendements, propositions de lois), toutefois la situation reste figée. Le dernier avenant conventionnel adopte un positionnement tout autant attentiste (article 13 de l’avenant 11).

Face à la progression de l’obésité en France, qui ne semble pas devoir s’améliorer compte tenu des tendances sociétales (malbouffe, sédentarité…), il devient urgent d’aligner le remboursement de l’utilisation des ambulances bariatriques sur celui d’une ambulance classique, dans l’objectif de rendre plus juste la prise en charge des frais de transport en ambulance bariatrique et d’assurer l’égal accès aux soins, pour tous.