Monsieur le Premier Ministre
Hôtel de Matignon
57, Rue de Varenne
75007 Paris

Paris, le 08 juillet 2020

Monsieur le Premier Ministre, 

Nous tenons à vous faire part de toutes nos félicitations et nos vœux de réussite pour votre nomination au poste de Premier Ministre.

La Fédération Nationale des Ambulanciers Privés se tient à votre disposition pour échanger sur les évolutions de notre profession, source d'économies substantielles et de créations d'emplois en nombre important.

Votre parcours nous assure d’une excellente connaissance du terrain et d’une grande capacité de gestion des décisions que vous serez amené à prendre en la matière. Il en est de même pour votre directeur de cabinet, interlocuteur habituel de notre profession dans ses précédentes fonctions.

Lors de cette crise COVID19, nombre d'ambulanciers ont agi par sens du devoir de leur délégation de service public, droits et fiers de servir, dans le seul corps des primo-intervenants formés, équipés et disponibles en nombre.

Les ambulanciers ont été en première ligne, malgré la pénurie de matériel dont nous avons été les premières victimes sans jamais défaillir aux sollicitations des SAMU. C’est à perte que les interventions de ce type ont été menées, le protocole de désinfection post-transport a miné notre temps global d'intervention, mais il est resté indispensable pour la protection de nos personnels et des patients transportés.

Je vous passe l’humiliation subie par certains de nos confrères quand les associations de secouristes bénévoles (très disponibles suite à la mise en chômage partiel de leurs membres dans leur activité professionnelle) ont été appelées pour faire le travail en lieu et place des ambulanciers privés entraînant la mise au chômage partiel de nos collaborateurs.

Nos salariés ont fait preuve d'un investissement sans faille, ils ont répondu à l'appel, ils se sentent les oubliés de cette crise. Des mécanismes insuffisants se sont mis en place pour tenter de compenser nos investissements à perte dans cette lutte, cependant, leur mauvais équilibre a favorisé les indemnisations des entreprises qui ont tourné le dos à la crise en baissant le rideau au lieu d'encourager celles qui ont fait front.

Le secteur de l’ambulance brûle et les pompiers attisent le feu.

Alors que les S.A.M.U. de France ont essuyé des refus d'intervention par les S.D.I.S., pour des raisons injustifiées, de leur mission première, les mêmes se permettent de critiquer publiquement l’action des SAMU, dans le seul but, vous l’aurez bien compris, de tenter de récupérer un numéro d’appel unique pour l’urgence, doublé d’un souci de pure communication pour être les derniers à être médiatisés.

Plusieurs rapports de l'I.G.A.S. pointent du doigt le coût exorbitant des S.D.I.S. en France. Des coupes budgétaires les ont contraints à abandonner des missions qui nous reviennent de droit, bien que dans le même temps ils cherchent à tous prix des budgets complémentaires en requalifiant leurs interventions missionnées par les SAMU en carence ambulancière. Loin de nous la volonté de vouloir raviver une guerre Blanc / Rouge, nos salariés ne rencontrent aucun problème avec les hommes du feu, ceux des interventions. C’est plus haut que la ségrégation s'organise, s'envenime, et nous ne pouvons que constater que leur service de communication, dont le budget est conséquent, fournit un travail efficace en ce sens.

Aujourd'hui notre profession est en pleine négociation, oubliée depuis 19 ans, sans indexation sur l'inflation, sans revalorisation tarifaire, sans gouvernance réelle, pour la réintégrer dans l’urgence préhospitalière parce qu’il en va de l’intérêt général, les coûts d’une intervention ambulance privée étant 8 fois inférieurs à une intervention SDIS alors que nous remplissons ces missions avec du personnel exclusivement professionnel, mieux formés, disponibles sans délais et des véhicules mieux équipés. Oui, il est urgent de revoir notre tarification, ce qui est en cours avec la DSS et la CNAM, mais nous n’arriverons jamais, fort heureusement aux tarifs exorbitants des sapeurs-pompiers.

Dans le même temps nous travaillons avec la DGOS sur le projet de réforme de nos interventions tant pour l’organisation de la PDSA que de l’UPH.

Cette réforme a mis presque 20 ans avant d’être amorcée, elle manque malheureusement d’ambition en se basant sur l’existant et ne fait pas preuve d’anticipation pour les années à venir.

Il nous semble primordial de profiter de ce moment, Ségur de la santé et travail en cours, pour mener à bien une réforme ambitieuse permettant d’avoir un modèle économique et sanitaire efficient, prenant en compte l’intérêt général. Nous nous heurtons malheureusement au cloisonnement ministériel, nous dépendons de la santé et les pompiers de l’intérieur, la fongibilité des budgets étant, nous l’avons compris, complexe.

Nous comptons sur vous, et sur la grande connaissance des rouages budgétaires de Monsieur le nouveau ministre de l’Intérieur, sur la volonté du Ministre des Solidarités et de la Santé, de prendre des “mesures radicales”, conformément à son discours d’ouverture lors du Ségur de la santé.

Notre seule volonté d'honnêteté et de bienveillance ne suffira pas, nous espérons au plus profond de notre investissement personnel et viscéral que vous suivrez de près notre dossier.

Confiant dans la bonne suite que vous lui donnerez, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, en l’assurance de notre très haute considération.

Le Président de la Fédération Nationale des Ambulanciers Privés 
Philippe LAURIOT